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Pour les jeunes d'aujourd'hui qui abordent la Grande
Guerre dans leur programme pédagogique, ces événements sont désormais bien
lointains mais pour quelqu'un de ma génération, c'est une guerre qui
apparaît comme étant récente car elle a concerné nos grands parents. Au
fil des ans nous avons encore connu les manifestations patriotiques du 11
novembre où de vieux messieurs aux cheveux blancs, à la moustache gauloise
et avec une quantité impressionnante de médailles accrochées au revers de
leur manteau, font encore partie de la mémoire collective.
Je me souviens encore très bien de ces cérémonies du 11
novembre où les jeunes écoliers guînois avaient obligation de se rendre à
l'ensemble de la cérémonie : l'office religieux, le défilé, les discours
sur la grand'place et la cérémonie au monument du cimetière où un ancien
poilu énonçait la longue liste des enfants de Guînes tombés au champ
d'honneur, alors qu'à chaque nom prononcé, un autre ancien combattant
répétait inlassablement « Mort pour la France ».
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Par la suite, nos grands parents et même nos parents
nous ont souvent parlé de la guerre de 14 car il était quasiment
impossible de trouver une famille où cette guerre n'avait pas frappé. En
effet ce sont parfois des familles entières qui ont été décimées, le père
et les enfants n'étant parfois jamais revenus.
Pour m'être intéressé récemment aux églises de la
Communauté de Communes des Trois Pays, je peux affirmer qu'il n'y a aucun
édifice où la guerre de 14-18 n'apparaisse pas. Tantôt, il s'agit d'une
simple plaque de marbre avec les noms des soldats tués au front, tantôt
c'est un petit oratoire, une petite chapelle avec des dessins incrustés
dans le marbre, dans le bronze etc.. ou alors comme à Guînes, c'est une
piéta telle qu’elle est située dans la nef latérale gauche de notre église
Saint-Pierre.
A ce propos, il me faut évoquer l'église du Marais de
Guînes qui est une figure symbolique du lien particulièrement fort qui a
marqué l'église catholique et le combattant. La notion de sacrifice a
rapidement été perçue par tout le monde et on est allé jusqu'à associer le
sacrifice du Christ et celui du poilu, sauveur de la patrie. Ce phénomène
se retrouve dans l'oratoire de l'église Sainte Jeanne d'Arc du Marais de
Guînes.
Autre lien entre la
Grande Guerre
et cette église
c'est le vocable qui lui a été attribué, à savoir donc, Jeanne d'Arc. Là
aussi le lien est fait entre le poilu qui se bat contre l'allemand et qui
le repousse des territoires envahis, et l’œuvre de Jeanne d'Arc qui fit
tant de sacrifices et donna sa vie pour chasser l'anglais hors de France
lors de guerre de Cent Ans. La restauration de l'église du Marais a eu
lieu à l'issue de la guerre de 14-18 et les vitraux consacrés à la vie de
Sainte-Jeanne d'Arc ont été installés à cette occasion. La sainte a été
canonisée en 1920 suivant le principe, entre autres, qu 'elle avait servi
d'exemple aux anciens combattants.
Et comme si tout cela n'était pas suffisant, ces
vitraux ont été offerts à l'église du Marais grâce à la générosité de
certains habitants qui avaient souffert de la perte d'un être cher. C'est
ainsi que des noms et des portraits de soldats figurent en bas de certains
vitraux.
J'ajouterai que les vitraux ont été réalisés en 1925 par
Georges Depienne,
peintre-verrier de Lille, installé
en 1902 et retiré de la profession en 1927.
Les noms de places et de rues
de Guînes rappellent également cette période de la "grande
guerre": La place du Mal Foch, la place des poilus,
la rue du Mal Joffre, la rue Clémenceau, la rue de
Verdun, pour ne citer que ces lieux ...
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