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Le 5 juin 1921, Guînes 
inaugurait son monument aux morts, 
 à la gloire des 
quelques 180 « poilus » de la ville tombés pour la France. 
  
  
  
Le monument aux morts au centre de 
la grand' place (1921-1940) 
  
  
Malgré le temps pluvieux, la fête est belle et 
solennelle, en présence de nombreuses personnalités civiles et militaires ayant 
répondu à l’invitation du député-maire Narcisse Boulanger.  
Si les monuments aux morts se comptent par 
milliers, tant la Grande Guerre a marqué chaque famille, chaque localité du 
pays, le monument de Guînes a sa particularité et un certain caractère.
 
Il représente en effet deux personnages : un « 
Poilu » d’abord, un soldat fier, le regard droit, le fusil posé au sol est tenu 
de la main droite tandis que la main gauche donne l’impression de figurer un 
poing vengeur. C’est d’un soldat vainqueur dont il s’agit. Il faut ajouter qu’il 
reçoit un soutien important puisque le second personnage qui l’entoure d’un bras 
n’est autre que Marianne symbolisant la nation française et coiffée de son 
bonnet phrygien. Et la Marianne en question est de belle taille puisqu’elle est 
plus grande d’une tête que le Poilu guînois.
 
  
  
Le Monument aux morts (1921-1940) 
  
Mais, ce qui fait la particularité 
du monument, c’est que la France victorieuse tient de la main droite une épée 
qui lui sert à occire l’aigle allemand, renversé à ses pieds, la tête en bas, 
une aile retombant sur le socle du monument. Ce monument aux morts est l’œuvre 
d’un sculpteur parisien qui se nomme Augustin Lésieux, lequel compte à son actif 
de nombreux monuments commémoratifs de la Première Guerre mondiale. Il a fait 
ses études à l’école des Beaux Arts à Arras, avant d’intégrer l’école de Lille 
en 1899 et enfin rejoindre la prestigieuse école des Beaux Arts de Paris.
 
Il est évident que le sculpteur a conçu là une 
œuvre très forte et largement inspirée par les élus guînois. Mais, quelques 
années plus tard, avec l’arrivée des Allemands à Guînes le 23 mai 1940, cette 
Marianne qui transperce ainsi l’aigle impérial allemand n’est évidemment plus du 
goût de l’occupant et le monument de Lésieux va en subir les conséquences. 
Toutefois, il est intéressant de noter que si les Allemands vont faire sauter 
une partie du monument, ils le feront la nuit, précisément dans la nuit du 16 au 
17 juin 1940, soit 3 semaines après leur arrivée, avec l’assentiment des 
officiers allemands sans doute, mais sans déploiement de force, sans « trop en 
faire ».  
  
Dans les années de l’après- Seconde Guerre 
mondiale, le monument aux morts de la grand' place de Guînes offre donc une image 
plutôt désolée avec sa Marianne amputée du bras droit.  
  
  
Le monument aux morts (1940-1960) 
  
Dès 1945, la municipalité de Guînes veut trouver 
une solution pour restaurer son monument, les manifestations patriotiques devant 
un monument mutilé sont encore plus difficiles à vivre à une époque où les 
tristes souvenirs de la guerre et de l’occupation sont dans toutes les mémoires. 
Il faut attendre 1958 pour que le dossier de restauration sorte de sa léthargie.  
  
  
manifestation patriotique devant le 
monument aux morts abîmé, dans les années d'après-guerre, avant la restauration 
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