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BALADE PATRIMONIALE DANS LA CITE DE GUÎNES Une conférence de Eric BUY - Société Historique de Guînes-
A l’occasion de la journée consacrée aux associations historiques du Calaisis, Coulogne a bien voulu accueillir la Société historique de Guînes, représentée par son président, M. Eric Buy, pour une balade au fil des rues de la cité guînoise , laquelle ne manque pas de repères historiques glorieux mais aussi quelques références à caractère plus local, nichées parfois même dans la « petite histoire ».
Suivons le guide !
La mairie de Guînes
Avec la complicité de Jean-Louis Bodart pour la partie « photos et illustrations » , Eric Buy a d’abord rassemblé l’assistance sur la place Foch de Guînes, face à la mairie. L’opportunité pour le narrateur de présenter le parcours historique établi sur la base d’anciens plans anglais de la ville, conservés au British Museum de Londres.
Les vestiges d'un château-fort:
Il poursuivait ainsi : « en 1558, Guînes et tout le Calaisis sont repris aux Anglais par les troupes du duc de Guise ; le château est alors complètement démantelé, le niveau de démolition fera remonter la place de quelques mètres ! » Voilà qui explique que, pour trouver des vestiges de l’antique château féodal, il faille chercher dans le sous-sol de la cité, allant même jusqu’à quasiment deux niveaux de cave ! C’est le cas dans un café de la place, le duc de Guise, (vraiment bien nommé), où l’on peut encore admirer des murs en place du château.
Sur la place de Guînes, le café "Le Duc de Guise"
Il y a là deux éléments d’architecture d’époques différentes mais fort intéressants. On pénètre dans une vaste cave en briques rouges, (19ème), mais en passant sous une monumentale porte en pierre calcaire blanche qui a pu être datée du 13ème siècle. La particularité de cette porte réside dans le fait que ses pierres sont taillées grossièrement alors qu’elle est censée être orientée vers la cour intérieure du château. A deux pas de là se trouvent trois espaces bien distincts, sortes de soutes à provisions, toutes en excellent état, datées du 16ème siècle, (eu égard à la technique de construction) et donc contemporaines de la fin de l’occupation anglaise du 16ème.
Ces vestiges peuvent sembler bien ordinaires mais ce sont là deux éléments rares de constructions qui « baignent dans leur jus » d’époque, loin des niveaux de démolition que l’on a trop coutume de trouver ! Il existe évidemment bien d’autres vestiges du château dans le sous-sol de la Grand’Place mais ils ont été démolis au moment de travaux récents ou alors murés et devenus inaccessibles par la volonté des propriétaires d’habitations.
La mairie de Guînes
le monument aux morts Il serait injuste de quitter cette place sans évoquer le monument aux morts inauguré en 1921, à la gloire des enfants de Guînes tombés lors de la 1ère Guerre mondiale.
Il est l’œuvre du sculpteur calaisien Lescieux. Au moment de son inauguration, le monument représentait Marianne, symbole de la Nation, soutenant de son bras gauche un valeureux Poilu, tandis que du bras droit Marianne terrassait d’un coup de glaive un aigle tombé à ses pieds. Cette représentation de l’Allemagne vaincue en 1918 n’a évidemment pas été du goût de l’envahisseur de 1940 qui fit sauter cette partie du monument. En 1950, grâce aux dommages de guerre, le monument fut restauré par ce même Lescieux, toujours vivant, et qui remplaça le glaive par un rameau d’olivier ; autres temps, autres mœurs… et surtout un état d’esprit fort différent.
Un temple à Guînes!
Le pourcentage de la population protestante à Guînes est estimé à 25% d’après les registres d’état civil consultés entre 1668 et 1685. Un temple sera construit à Guînes de 1598 à 1602, avant un second édifice bien plus important en 1619 ; il pouvait accueillir, dit-on, jusqu’à 3000 personnes ! Il avait la forme d’un trapèze avec des galeries.
Emplacement de l'ancien temple au Garage Lemaire Le premier pasteur de Guînes est Jean-Baptiste Bugnet qui vient s’installer dans la localité en 1623 ; le dernier est Pierre Trouillard, exilé en 1687, après avoir résisté deux ans à la Révocation de l’Edit de Nantes. Les protestants guînois avaient alors rejoint des terres plus hospitalières, allant s’exiler jusqu’aux Etats Unis, en Afrique du Sud, etc… . Nous arrivons dans le quartier du Batelage. Un essai cartographique inspiré du 10ème siècle nous restitue une ligne de côte non stabilisée et des îlots émergents ici et là. Guînes est en bordure de mer et l’eau de mer qui entre dans les basses terres vient se mélanger à l’eau douce qui provient de la rivière de Guînes.
Les rivages anciens
Le Batelage, au 19ème siècle, grâce au transport de marchandises par voie d’eau, fut le poumon économique de Guînes. Les attelages amenaient des pierres des carrières de la région de Marquise, du bois et même du charbon qui parvenait de Hardinghen et de Fiennes. Signalons que, sur l’emplacement de l’habitation de la famille Lefebvre, situé à la jonction des eaux venant des puits artésiens de Bien Assise, des basses terres de Hames-Boucres et des sources du centre ville, se situait un moulin dont la présence très ancienne est attestée par les plans anglais puis au travers les archives notariales.
rue Baudouin
Après 1558, il passe en roture au roi de France. Son 1er concessionnaire s’appelait Claude Flahaut, lequel exerça également les fonctions de mayeur, autrement dit de maire, à Calais.
Plan ancien des hables Des pensionnats pour jeunes anglais! Petit arrêt ensuite dans la rue de la Basse-Cour, en face des anciens locaux de la perception. Il faut alors nous replonger en plein cœur du 19ème siècle, à l’époque où les Anglais sont nombreux dans le Calaisis, grâce notamment à l’industrie du tulle. Les représentants de sa Gracieuse majesté pensent également à l’éducation de leurs enfants, car ils sont arrivés avec toute leur petite famille. Ils considèrent que Guînes est un havre de paix verdoyant où leur descendance va pouvoir s’épanouir et étudier. Guînes devient alors une ville à la mode où trois familles vont se distinguer pour y ouvrir des pensionnats privés pour filles et garçons anglais ; ce sera le cas des familles Popieul, Liborel et Hennequin.
La légende veut que pour composer l’invocation à la nature dans Werther, Massenet est venu s’inspirer sous les frondaisons de la forêt domaniale.
Rue Narcisse Boulanger A travers les ruelles de Guînes, un retour s’opère dans la rue Narcisse-Boulanger afin de passer devant le château du Tournepuits.
Rue Narcisse Boulanger
La ferme attenante possède une origine très ancienne puisqu’elle se rattache à l’abbaye Saint-Léonard fondée en 1137 par Emma de Tancarville, épouse de Manasses, comte de Guînes. Cette abbaye était située à l’arrière du château, rue Léo Lagrange et plus précisément sur l’emplacement de l’ancienne gare et du terrain de football. L’occupation anglaise nous donne l’occasion d’évoquer l’appellation d’origine des lieux, à savoir Turnpick. Après la reprise, château et ferme passeront dans la famille Du Breuil dont le berceau dans le Val d’Oise avant d’arriver dans le patrimoine de la famille Boulanger. Narcisse Boulanger, maire jusqu’en 1932, fera construire le présent château.
Buste de Narcisse Boulanger
Narcisse Boulanger a fait partie du conseil municipal durant 50 ans et il a été élu député à deux reprises.
Une fabrique de rails de chemin de fer
Le Parcage
Nous voici dans le quartier du Parcage. C’est dans ce secteur aux portes de Guînes que les animaux étaient en pacage. Il est important de préciser que sur l’emplacement de cette place des Poilus, se trouvait une fortification en forme de trèfle appelée Bolwork par les Anglais.
Voilà donc quel était l’emplacement du Bolwork Bray et c’est là que se déroulèrent les combats les plus acharnés pour la reprise de Guînes en janvier 1558.
Maquette du Château de Guînes (Musée de Guînes)
Le Bolwork défendait l’entrée principale du château et il s’ouvrait ensuite sur une série de 7 ponts levis qui finissaient par déboucher sur la cour intérieure du château.
Le boulevard Blanchard :
Boulevard Blanchard
On peut envisager que c’est dans ce secteur de l’école Curie-Duquesnoy que Henry 8 a fait installer son palais de Chrystal, au moment de sa rencontre avec François 1er au Camp du Drap d’or ; cet événement au retentissement international se déroulait en juin 1520.
Ce palais, ce préfabriqué (soutenu par des fondations en pierre ou en briques) était fait essentiellement de bois et de verre. La seule représentation connue est l’œuvre du peintre Bouterwerk qui se serait inspiré d’une copie de Holbein, mais la présente œuvre est datée de 1845 ; c’est une commande de Louis Philippe à l’époque où l’on commence à évoquer avec l’Angleterre « l’Entente Cordiale ».
Le boulevard Delannoy : Il est particulièrement intéressant car il permet d’apprécier les vestiges des Remparts de terre de la ville et l’emplacement des fossés, notamment à l’arrière d’une très belle propriété, face à la gendarmerie.
Nous retournons dans le centre ville par la rue de Guizelin ; c’est le nom d’une famille très ancienne connue à Guînes depuis le 15ème siècle.
Rue de Guizelin
Un de Guizelin, Louis Marie, s’est marié en 1715 à Catherine de Jacomel et c’est ainsi que le château de Bien Assise, situé non loin de là, vers la route de Marquise, est passé dans le patrimoine de la famille de Guizelin. Le domaine de Bien Assise appartenait aux Jacomel depuis le 16ème siècle, date à laquelle les Jacomelli, originaires du Piémont et mercenaires du duc de Guise, s’étaient vu remettre une ferme avec ses terres attenantes pour bons et loyaux services. Jacomelli s’était francisé en Jacomel.
Nous voici parvenus à l’église Saint-Pierre, rebâtie en 1822 car la Révolution française avait fortement détérioré l’ancien édifice.
Ce sont les deux pièces de l’église classées à l’inventaire des Monuments historiques.
Place des Tilleuls Nous retrouvons la place des Tilleuls, autrefois le centre de la ville avec son buste du duc de Guise inauguré en 1958.
La place des Tilleuls
Les puits artésiens, ces affleurements de la nappe phréatique, sont à deux pas de la fresque consacrée au Camp du Drap d’or. En face on peut apercevoir la Tour de l’Horloge et sa motte féodale évoquées au début de notre propos. L’eau du Bassin faisait partie du système hydraulique chargé d’alimenter les douves du château.
On peut rappeler que le premier à s’être intéressé à ces lieux fut Sifrid le Danois, vers 928. C’est à lui que l’on doit l’édification de la motte de terre, facile à ceinturer d’une eau qui coulait à profusion. A son sommet il fit bâtir un premier château, en bois.
Puis les comtes de Guînes vont y construire un vaste donjon pour leur château en pierre de taille (dès le 11ème siècle) ; les Anglais poursuivirent les travaux (on a retrouvé sur la partie sommitale, à 20cm de profondeur, un donjon à pans carrés contemporain de la fin de l’occupation anglaise), puis le château rasé par les troupes du duc de Guise, on y laissa une maison forte pour le capitaine en charge des lieux.
Notre balade se termine Et Eric Buy de conclure : . "J’espère vous avoir donné l’envie de revenir vous promener à Guînes sur les traces d’une histoire particulièrement riche et pour laquelle j’ai essayé de vous apporter quelques précisions et repères quant au schéma urbain actuel, autrement dit, pour vous aider à comprendre la ville avec ses rues étroites, ses ruelles, son charme ancien ".
Conférencier : Eric Buy Crédit photo: J-L Bodart Société Historique de Guînes
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