Lorsque celui-ci acquit les terrains au Marais, lieudit
"La Commandance", soit près de six hectares, d'une Demoiselle Delhaye. en
1863 (1), il n'était pas question de moulin. Or, quelques années plus tard,
en 1870, nous trouvons le bail dont nous avons cité un extrait ci-dessus ;
bail portant sur une maison située à Guînes, section du Marais, au lieudit «
La Commandance, avec dépendances,"et terrain à usage de culture et pâturage
et eau, contenant environ 5 hectares, 90 ares, 80 centiares, avec moulin à
extraire l'eau, tenant..." vers midi à la Rivière à Bouzats et vers levant à
la Rivière de Guînes".
Ce moulin est, par la suite, cité dans les actes qui
assurent la dévolution desdits immeubles. Nous le retrouvons dans la
désignation de cette propriété dans deux partages de 1876 (2) et en un autre
partage de 1907 (3).
" Le partage de 1876 précise que les bâtiments et le
moulin pour extraire l'eau dans les parties basses du terrain, ont été
construits pour le compte particulier de feu Etienne Faustin Vidor, bien que
le terrain ait été alors dans l'indivision avec son frère Henri Vidor.
Pourquoi alors le nom de Moulin Rogez ?
C'est que Monsieur Vidor-Fontaine, le bâtisseur du moulin, décéda sans postérité en 1876; il a laissé pour légataires ses neveux et nièces au nombre desquels Charles
Rogez, qui a recueilli ce bien en partage. Entré dans la famille Rogez en 1876, il y est demeuré depuis lors.
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Photographies d'époque (
Louis Tiran) |
Que peut-on dire de la disparition du moulin ?
Eugène Brouttier a ajouté, par la suite, à la légende de son dessin, une mention d'une écriture un peu différente: "démoli en 1915 "...
Faute de renseignements par ailleurs, il nous faut croire à cette indication.
Un inventaire notarié de 1916, faisant état de l'origine de la propriété, comprend encore le moulin dans sa désignation ; il omet de mentionner sa démolition mais fait état des travaux importants effectués par Monsieur Louis Rogez, fils de Charles, pour éviter l'immersion continuelle de son manoir. " Il semble que le moulin se soit montré tout à fait insuffisant pour étaler l'arrivée des eaux dans cette partie basse du Marais. Monsieur Roger préféra donc relever le
niveau du sol par un apport de terres qu'il fit amener à grands frais par les petites péniches alors appelées "bateaux guînois"
ou "guînoises". Sans nul doute, les débris du moulin se trouvent ensevelis dans ce remblai.
Le Moulin Rogez vécut donc une cinquantaine d'années. Il faisait partie du décor pour les bateliers arrivant à Guînes et disait au revoir de ses grands bras à ceux qui s'éloignaient vers les canaux du littoral.
Il faut aussi lui donner sa place dans l'histoire des Wateringues et de l'assèchement progressif de nos basses terres du Marais de Guînes.
Malgré son caractère très particulier, il était juste de
lui réserver un petit chapitre dans cette étude sur les moulins du Pays de
Guînes.