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Texte extrait "des Origines à nos jours" par
Stéphane Curveiller
Les premiers comtes de
Guînes
des personnalités contrastées
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Sifrid
est un personnage
emblématique; d'origine danoise selon Lambert d'Ardres, de parenté royale même,
il est déterminant puisqu'il fait élever une motte entourée de haies et d'un
double fossé dans cette «bourgade
sans défense»
sur laquelle est construit le
premier espace fortifié, origine du château fort de Guînes. Réconcilié avec
Baudouin le Chauve, comte de Flandre, il est fait chevalier et reçoit la terre
de Guînes.
Ardolf (962-997).
Son enfant nommé Ardolf (Adalwulf
ou Adolphe) lui succède de 962 à 997 et peut être considéré comme le premier
comte du dit lieu. Orphelin très tôt, il est élevé à la cour du comte de
Flandre, Arnoud de Gand, qui lui remet le comté de Guînes à l'âge adulte le fait
également chevalier et augmente sa terre. Ce dernier point fait allusion à
l'obtention par le jeune comte et ses descendants de nouvelles terres du pays de
Brédenarde, d'Audruicq et de toutes les paroisses qui en dépendent situées entre
la rivière Neuve (Neuva) et le pont de Nieurlet (Nieurled), composées de vastes
pâturages et d'une zone boisée. La légitimité de cette donation, de cet ensemble
de donations pouvons-nous dire, fait d'Adolphe le premier comte de Guînes qui
s'oppose à l'usurpation de ce territoire par son père. Par son mariage avec
Mahaut de Boulogne, il serait père selon certaines sources de deux enfants,
Raoul (Radwulf) qui succède à sa mort en 997 et un autre qui meurt en bas âge,
un dénommé Roger. |
Radwulf ou
Raoul (997-1034).
Les
chroniques nous éclairent davantage sur ce nouveau comte. Décrit comme un
guerrier vaillant, il est cependant très prodigue malgré l'accroissement de
terres laissées par son père, et les revenus seigneuriaux
sont insuffisants. Il accroît
donc servitudes et taxes sur ses sujets; le plus célèbre exemple est l'impôt
pesant sur les massues en bois des paysans!
Raoul a plusieurs enfants
après s'être marié avec la fille du comte de SaintPol, Rascelle. Les écrits
nous font part d'une vie désordonnée qui s'achève lors d'un tournoi à Paris
probablement en 1034. Selon André Duchesne, il est blessé dans «le petit
ventre» et «dans l'œil». Lambert d'Ardres insiste sur ce personnage
«dépravé», le dévalorise ("son corps tombé de dessus de son cheval,
fust déchiré
des chiens, puis jeté indignement dans la rivière de Seine").
Le jugement de Dieu est
sévère. De plus, les moines de Saint-Bertin ne portent guère dans leur cœur les
gens de la Maison de Guînes car ces derniers ont progressivement acquis leur
autonomie sur une ancienne possession de l'abbaye.
Stéphane Curveiller
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