Blanchard-Jeffries

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Texte extrait "des  Origines à nos jours" par Eric Buy

 

L'exploit de Blanchard et Jeffries

La première traversée de la Manche en ballon

 

 

Vendredi 7 janvier 1785, c'est une de ces journées d'hiver où les hommes et la terre respirent mieux, une journée où l'on revit malgré la pâleur du soleil. En effet, pendant plus de huit jours, il a fallu endurer la pluie et le vent qui soufflait en tempête, un temps à ne pas mettre un chien dehors, un temps comme on en connaît souvent dans cette région. En cette journée hivernale deux Guînois, Charles et François, sont parmi les témoins privilégiés d'un événement au retentissement international : la première traversée de la Manche en ballon. Charles Gracien, soldat au Régiment de Bourbon Infanterie compagnie d'Edmont, est en congé de semestre et François Bertaux, comme bon nombre de ses concitoyens, est journalier, employé aux travaux des champs. Nos deux compères se trouvent ce jour-là dans le quartier du Parcage.

 

Une sphère aérostatique dans le ciel de Guînes

Pour situer exactement leur emplacement, les documents de l'histoire locale nous autorisent deux versions: la première place les deux hommes à la guinguette établie au lieu-dit « le parc », au bout de l'avenue Auguste Boulanger face à la route d'Andres ; une seconde hypothèse les situe dans une autre guinguette appelée « La Bagatelle », implantée, quant à elle, à l'angle du boulevard Blanchard et de la place des Poilus. C'est à l'époque un grand jardin entouré de charmilles qui appartient à la municipalité, à charge pour elle de le louer chaque année à un cabaretier. On vient y danser jusqu'en 1807, date à laquelle ce bien communal est vendu afin de réserver des fonds pour la construction de l'Hôtel de Ville. Charles et François sont-ils en train de travailler la terre dans les alentours ou prennent-ils un peu de bon temps? L'histoire ne le précise pas, mais leurs regards se dirigent bientôt vers le ciel. Gracien, de par son métier de soldat qui lui a valu de « voir du pays» et de vivre bien des aventures, est sûrement le moins surpris de nos deux Guînois en apercevant une sphère aérostatique venant du nord et filant au sud-est, à une hauteur considérable. Cette observation leur est rendue possible car les demeures et habitations sont rares dans le quartier du Parcage à cette époque. Gracien et Bertaux peuvent voir, suspendue sous le ballon qui prend la direction de la forêt, une nacelle avec ses occupants. Ils décident alors de la suivre et prennent la direction du chemin du moulin Lianne, autrement dit le « moulin à corneilles ". Arrivés à proximité de la forêt, les deux amis remarquent que le ballon perd de la hauteur. Ils se précipitent vers le lieu de sa descente et ont vite fait de le découvrir, suspendu entre deux chênes tandis que deux hommes, vêtus en petite veste, la tête couverte, l'un d'un chapeau et l'autre d'un bonnet de coton, demandent qu'on les aide à se tirer de leur fâcheuse posture. Gracien et Bertaux s'emploient donc à secourir les deux aéronautes avec l'aide d'autres Guînois parvenus rapidement sur les lieux. Il y a là le sieur Dufossé, brasseur, et Jacques Rébier, aubergiste. Puis arrivent encore Antoine Limousin et un nommé Delattre, deux journaliers présents au moment où le ballon survolait la plaine.

 

 

 Dès qu'il met pied au sol, l'un des aéronautes, ne voulant se fier à sa propre montre de peur d'éventuelles dégradations durant le voyage, demande immédiatement l'heure. Dufossé lui apprend qu'il est trois heures et demie.

 

Jean-Pierre Blanchard, l'aérostier, se présente alors aux Guînois venus l'accueillir, ainsi que son compagnon de voyage, John Jeffries. Tout ce petit monde de commerçants, artisans et ouvriers agricoles du bourg de Guînes, se sent alors légitimement investi d'une mission exceptionnelle car ils sont tous les témoins de la première traversée de la Manche par la voie des airs !

 

Blanchard et Jeffries ont accompli cette traversée en une heure trois quarts, depuis le château de Douvres d'où ils ont décollé jusque la forêt de Guînes où les habitants les ont retrouvés.

 

Eric Buy

Blanchard

 

Jeffries