A la bien-Assise

A la bien-Assise

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Charles François-Marie de Guizelin est Charles

Marie- Toinette de Laverdy est Marie

De Guizelin père est De G père

                                   

 Charles                   Ça me fait vraiment de la peine. Quelle triste nouvelle je viens de recevoir là.

Marie                       Mon Dieu mon ami, vous me semblez  tout retourné. Que se passe-t-il ?

De G  père               Mais oui Charles, parlez, c'est cette lettre qui vous met dans un pareil état.

Charles                    Eh oui, c'est ce courrier.

 

De G. Père               C'est si grave que cela?

Charles                    Oui, on m'annonce la mort, jeudi dernier à Paris, de Claude-Nicolas Ledoux.

                                 Il avait 70 ans.

Marie                        C'est bien triste en effet, ce cher M. Ledoux. Nous venons à peine de le payer pour les plans du château et le

                                 voilà qui ne pourra guère profiter de son argent.

Mme Grésy               Ah voilà, je n'osais pas intervenir dans votre conversation mais ce nom de Ledoux me disait quelque chose,

                                 c'est......

Mme Lenoir             C'est lui qui a dessiné les plans de votre château de Bien-Assise.

 

 

Charles                    Eh oui Mesdames, c'est cela même, le concepteur de ma demeure, c'est lui Nicolas Ledoux qui lui a donné

                                 cette âme, cette nature, ce caractère.

Mme Lenoir              Mais dites-moi Charles, vous ne le connaissiez pas particulièrement ce Ledoux ?

Charles                     Non c'est vrai, je ne l'ai jamais vu.

Marie- T.                  Mais mon mari a raison, nous sommes redevables à M. Ledoux de nous avoir fait ces plans. Notre nouvelle

                                 demeure n'en est que plus agréable avec ces ouvertures, ce fronton caractéristique.

Mme Grésy              C'est vrai que votre demeure fait bien des jaloux dans la région.

Mme Lenoir             Elle a un côté artistique d'un nouveau genre.

Mme Grésy              Je dirai qu'elle est moderne, bien dans son temps.

 

 

De G. Père               Parlons-en des temps modernes! Ils ont fichu une belle pagaille ces maudits révolutionnaires.

                                 En 1775, j'ai été élu maire de Guînes et , croyez-moi, il m'a fallu bien du courage pour tenir le coup jusqu'en

                                 novembre 1791.

Marie- T.                  Mais heureusement que vous étiez là Père. Votre écoute, votre patience ont permis d'éviter bien des écarts,

                                 bien des débordements.

Charles                     Marie- Toinette a raison Père, tout le monde à Guînes

                                 vous en est reconnaissant.

Mme Grésy Mais      oui M. de Guizelin, tout le monde, le bon peuple comme la bourgeoisie.

Mme Lenoir Mme    Grésy a bien raison et puis vous savez les temps changent, c'est toujours comme ça. Regardez dans la famille

                                de mon mari, les Lenoir, des protestants convaincus.

De G. Père               C'est vrai, comme mes aïeux de Guizelin.

 

 

 

Mme Lenoir             Et bien il a fallu s'adapter, oublier la Religion Prétendue Réformée pour se transformer en fervents catholiques,

                                et si nous ne l'avions pas fait je ne serais pas là à discuter en votre compagnie, j'aurais tout perdu pour me

                                retrouver en Afrique du Sud au Québec.

De G. Père              Certes mais quand même, leur révolution leur a fait perdre la tête, il n'y a plus de repère, plus d'autorité, et

                                notre église ils ont tout saccagé! c'est devenu une halle au blé.

Charles                    Ne nous agitez pas père, tout cela va s'arranger.

Marie-                     Oui.

Charles                   Mais oui et notre vieille demeure de Bien-Assise n'a pas été brûlée par les Révolutionnaires, nous l'avons fait

                                raser nous-mêmes pour construire ce nouveau et superbe château.

De G. Père              Tiens, en parlant de Révolutionnaires, regardez qui nous arrive!

 

CllARLES, MARIE T., M. DESSAUX, M. LE MAIRE:

 

 

Dessaux                   M. de Guizelin, Charles, Marie, Mesdames, bien le bonjour. Toujours aussi taquin M. de Guizelin que de

                                 vouloir me coller cette étiquette de Révolutionnaire.

De G. Père               Mon cher Dessaux, vous saviez bien que je plaisante.

Dessaux                   Bien sûr, M. de Guizelin, bien sûr, mais je sais bien que vous m en voulez toujours un peu.

Charles                    Allons Monsieur Dessaux, tout cela c'est de l'histoire ancienne.

De G. Père              Mon fils a raison, Monsieur le Maire, c'est une histoire du siècle dernier.

Dessaux                  1793, Messieurs, le 21 novembre précisément, je m'en souviens comme si c'était hier et à vous Mesdames,

                                pardonnez-moi de vous infliger ces vieilles histoires, ces vieilles rancœurs.

De G. Père Mais    non M. Dessaux, ce n'étaient que de vieux  papiers.

Dessaux                  Oui mais il y avait là les titres de noblesse de la famille de Guizelin.

De G. Père             C'est bien vrai hélas.

 

 

Dessaux                  Et je n'ai pas eu le choix; les instructions des comités populaires étaient clairs: tous les titres de propriété à

                                caractère nobiliaire devaient être détruits et mon étude notariale était dans le collimateur des révolutionnaires.

Charles                   Et le tout au bout d'une perche pour y foutre le feu!

Marie                     0h Charles, surveillez votre langage.

 

ADÉLAIDE ET AUGUSTE (ADOS) ENTRENT EN SCÈNE AVEC UNE PLAQUE

 

 

 

Adélaïde              Père, ça y est, c'est fait, regardez comme elle est belle.

Auguste               M. Régnier, le forgeron, vient de l'apporter.

Adélaïde              Grand-père, regardez, il y a le nom des de Guizelin.

 

 

Mme Grésy         Oh, ils vous appellent grand-père, comme c'est mignon.

Adélaïde              On francisa son nom pour qu'il devienne Antoine de Jacomel à qui on confia le poste de juge général en la justice

                           de Calais, terres d'Oye, comte de Guînes et...

De G. Père          ... et les honneurs n'allaient pas sans quelques largesses  matérielles, on lui donna...

Auguste.............  les terres de Bien-Assise.

 

 

Charles                C'est très bien les enfants, autant Adélaïde qu'Auguste, et n'oubliez pas, cet Antoine de J acomel fut un brillant

                            juge général de Calais et du Pays reconquis.

De G. Père          Si Bidossau, cet imbécile de gouverneur de Calais l'avait écouté, les Espagnols n'auraient pas mis à sac la ville de

                            Calais et celle de Guînes du même coup.

Charles                Antoine de Jacomel fut fait prisonnier, taxé à une rançon de 2000 écus.

De G. Père           Et il en est mort de chagrin, le pauvre.

Mme Grésy          Tout cela est vraiment passionnant.

Mme Lenoir         Oh que oui, l'histoire du pays reconquis se confond avec celle de la Bien-Assise.

Mme Grésy          A ce propos (elle sort un papier), mon notaire de mari, dont vous connaissez aussi la passion pour l'histoire et la

                            généalogie, m'a remis quelques documents qui attestent que les Jacomel se sont fait appeler Jacomel de Bien-

                            Assise.

Dessaux              Attention aux papiers Mme Gresy, une étincelle et pouf. . .

 

(TOUT LE MONDE LE REGARDE D'UN DRÔLE D'ŒIL!)

 

                            Je plaisante, je plaisante, oubliez...

M. de G. Père Encore un effet de la Révolution ma chère.

Auguste               Oui, et il y a la date là: 1806.

Adélaïde              Mais pourquoi ils ont aussi marqué De Laverdy ?

Marie- T.             Mais c'est mon nom de jeune fille Mademoiselle, avant d'épouser votre papa, je me nommais Marie Anne

                            Antoinette Adélaïde de Laverdy.

Adélaïde              Oui pardon mère, vous me l'avez déjà raconté mais j'avais oublié, et votre papa est le chevalier seigneur et baron

                            de Bernieulles, gouverneur de l'ancien comté de Guînes.

Auguste               Ne crie pas si fort étourdie, si les révolutionnaires nous entendent ils vont venir nous prendre et nous décapiter.

Marie- T.             Mais non les enfants, la guillotine n'a jamais été installée sur la grand' place de Guînes.

Auguste               Alors je peux raconter maman qui a construit le premier château de Bien Assise.

Dessaux               Mais oui mon garçon, ta mère a raison, les Guînois ont du tempérament, ils sont même un peu chahuteurs mais ce

                             ne sont pas des assassins; on est en train de leur faire une réputation!

Mme Grésy          Mais oui Auguste, tu peux parler librement, il n'y a pas de danger.

Adélaïde               Et moi, je sais aussi, grand-père me l'a raconté: tout commence en 1558 quand le duc de Guise reprend la

                             ville aux Anglais.

Auguste               Antoine Giucomelli commandait les troupes piémontaises de l'armée du duc de Guise.

Mme Lenoir        Oui, fort intéressant le document de Mme Grésy, en 1681, un autre Antoine de Jacomel épouse Catherine de

                            Cancer dont il a deux enfants. Sa fille Catherine épouse en 1715 Louis Marie de Guizelin, seigneur d'Arnèque et

                            des Barreaux, originaire de Réty.

Adélaïde              Et c'est comme ça que nous sommes devenus de Guizelin de Bien-Assise.

Auguste               Eh voilà encore des histoires à raconter.

Dessaux               Alors si vous avez encore des histoires à raconter, je vais avant tout faire part de l'objet de ma visite.

De G. Père         Allez-y, je vous en prie M. Dessaux.

Dessaux               Voilà, c'est vous que je venais voir Marie-Antoinette; je voudrais que vous soyez présente à la pose de la

                            première pierre de notre hôtel de ville.

Marie- T.             C'est trop d'honneur, M. le Maire.

 

 

Dessaux               C'est bien normal ma Chère, vous vous dépensez tant pour les pauvres de notre ville. Alors, c'est d'accord, je

                             peux compter sur vous.

Marie- T.              Mais bien sûr, M. Dessaux.

Charles                Et bien voilà M. le Maire et ma chère épouse, voilà une discussion qui n'a pas fait long feu.

 

(TOUT LE MONDE LE REGARDE D'UN DRÔLE D'AIR, CHARLES VOIT LE MALAISE ET REPREND)

 

Charles                Bon, en attendant, tout cela nous éloigne de la mort de ce cher Nicolas Ledoux.

Marie- T.              Oui, c'est vrai Charles et c'est très bien d'avoir une pensée pour lui, c'était un architecte de renom. Et il était bien

                            de son temps; les Des Androuins d'Hardinghen, qui nous l'ont fait connaître, nous ont raconté qu'il avait imaginé la

                            construction de toute une ville.

Marie                   Oui, à Arc et Senans, en Franche Comté, autour d'une exploitation de sel.

Marie                   Ses constructions étaient ordonnées suivant les éclipses concentriques mais Ledoux ne put achever que l'éclipse

                            centrale.

Charles                Il avait imaginé construire cet ensemble avec les maisons d'habitation, les commerces, l'église, hospice, le théâtre

                            et même un édifice à représentation phallique dont je vous laisse deviner la destination.

Marie                  Charles! les enfants !

 

 

 

 


Textes: Eric Buy, Président

Crédit photo: J-L Bodart

 Société Historique de Guînes